Dans Emile ou de l’éducation, Jean-Jacques Rousseau écrivait « la conscience est la voix de l’âme ». Mais comment tendre vers elle une oreille attentive jusqu’à entendre son murmure quand les mugissements de la sensibilité viennent retentir en un tumulte assourdissant ?
Le haut potentiel sensible, plus connu sous le terme « d’hypersensibilité » concerne, selon les études, entre 25 et 30 % de la population, soit près d’une personne sur trois. Cette « hypersensibilité » innée se traduit notamment par une perception accrue et très élevée de tous les stimuli extérieurs qui sature rapidement les capacités d’absorption d’une personne hautement sensible et affecte sa « manière d’être au monde ».
Elle implique également un fonctionnement cognitif spécifique se traduisant notamment par une capacité introspective, un questionnement existentiel et une quête de sens. Au plan moral, on retrouve aussi une empathie forte orientant significativement le système de valeurs et le comportement des personnes hypersensibles. En somme, dans tous les domaines, les personnes hautement sensibles perçoivent et vivent les choses avec intensité sans être toujours bien capable d’amortir l’impact de ce qui vient à elles.
Une personne hypersensible a souvent très tôt conscience de sa différence.
Fonction de l’accueil qui a été fait de sa sensibilité dans l’enfance, elle la perçoit parfois comme une faille, et cela structure sa construction identitaire. Il est alors urgent « d’ouvrir la parole » ainsi que l’écrit Pierre Fédida, pour aider la personne à parler d’elle et à trouver sa voie. Affuter sa conscience comme une voix d’accès aux désirs ardents de notre âme permet alors de se découvrir une voie, c’est-à-dire un projet existentiel à vivre permettant d’assumer qui l’on est.
Mais en quoi la sophrologie est-elle une méthode adaptée ?
Entre proximité et distance, la sophrologie permet de bâtir avec la personne accompagnée une relation équilibrée et de confiance. Construire la confiance implique une véritable présence à l’Autre, une capacité à être là, disponible et respectueux. Dans la pratique sophrologique, cela nécessite une qualité d’écoute profonde, centrée sur la personne et sa manière sensible d’être avec elle-même et de s’adapter à son environnement.
Accueillir et accepter la vérité de l’Autre, dans le respect de sa sensibilité, c’est aussi lui permettre d’oser exprimer ce qui n’a peut-être encore jamais pu être dit, sans aucune forme de jugement. Progressivement s’installe chez la personne accompagnée une nouvelle façon de se percevoir, de mettre en lien sensations, émotions et pensées, de se découvrir et se renouveler pour instaurer une véritable harmonie, renforcer son autonomie et le sens donné à son existence.
La méthode sophrologique offre ainsi de nombreux outils pour mettre en place une écologie personnelle permettant d’amortir au plan sensoriel. Elle propose aussi d’identifier ses besoins afin de reconnaitre ses émotions, si intensément ressenties et d’apprendre à poser ses limites. Elle est en somme une méthode permettant d’assumer et de vivre sa sensibilité propre.