[À lire] « La voix, du souffle à la relation en sophrologie »

Le dernier volume de la collection « Les actes du congrès » vient de paraître. Il rend compte des conférences et interventions présentées lors du 52° congrès de la Société Française de Sophrologie qui a eu lieu en décembre dernier à Montpellier. C’est avec une certaine émotion que je le découvre puisqu’il s’agit pour moi d’une première contribution éditoriale, avec la publication de ma conférence intitulée « La sophrologie existentielle, une pratique de relation d’aide au service de la haute sensibilité ». 

Avec beaucoup de passion, j’y aborde les caractéristiques de la haute sensibilité et les différents outils adaptés à la prise en charge de cette population dans une optique existentielle. J’y partage aussi ma vision d’une posture du sophrologue adaptée à la construction d’une relation d’alliance contenante et durable permettant de conduire efficacement la cure sophronique.

L’ouvrage complet est disponible sur le site des éditions L’Harmattan, mais je vous propose de découvrir dès à présent quelques pages de ma conférence ci-dessous. Bonne lecture à tous !

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« Ne méprisez la sensibilité de personne.
La sensibilité de chacun, c’est son génie »
(Charles Baudelaire, Journaux intimes).

 

Mais au fait, qu’est-ce que la sensibilité ? Ce mot désigne à lui seul de nombreuses réalités. On peut ainsi parler de la sensibilité esthétique, souvent associée à l’art, elle désigne chez le poète, le peintre, ou le danseur, cette faculté de percevoir, de capter, de saisir la quintessence des choses, d’être frappé par leur beauté et de pouvoir en témoigner.

Ainsi, comme le chante France Gall à propos du peintre Paul Cézanne « Cézanne peint et il éclaire le monde pour nos yeux qui ne voient rien ». La sensibilité est ici associée aux notions de finesse, de délicatesse et d’esthétisme. On vient l’apprécier et autant que possible, la cultiver.

Toutefois si on l’associe à l’émotion, la sensibilité vient alors immédiatement faire écho à d’autres mots tels que réactivité, fragilité, débordement, passion … Elle peut alors devenir encombrante, peut-être même constituer un défaut, voir une difficulté au plan social. Ainsi, Oscar Wilde de s’écrier « l’émotion nous égare, c’est son principal mérite ».

La sensibilité sensorielle, bien connue des sophrologues que nous sommes, peut aussi désigner une réaction excessive à certains stimuli internes (un mal de ventre) ou externes (une sirène de pompier par exemple).

Au plan environnemental, la sensibilité est aussi définie comme « la propriété d’un organe ou d’un être vivant à réagir de manière adéquate à son milieu ». Les êtres vivants, dans le règne animal comme chez les humains, bénéficient de systèmes leur permettant de s’adapter aux caractéristiques tant physiques que sociales de leur environnement, que ces caractéristiques soient positives ou négatives[1]. Pensons au caméléon, où aux loups mâles qui dans leur organisation sociale quittent la meute quand vient pour eux le temps de chercher une femelle. Or, les éthologues constatent depuis longtemps, et ce au sein de nombreuses espèces, des individus présentant une plus grande sensibilité et une très grande réactivité aux stimulations de leur environnement.

Cette caractéristique intéresse beaucoup la psychologie différentielle, puisque cette branche de la psychologie étudie les différences entre les individus, notamment à travers l’étude de la personnalité. Or, pour faire un bref rappel de définition, nous savons que la personnalité est un ensemble de caractéristiques qui influencent de façon unique les cognitions (pensées), les motivations (énergie) et les comportements d’une personne, dans des situations variées. Elle se développe tout au long de la vie sous l’influence de conditions donc d’un environnement qui favorisent son évolution.

La sensibilité est donc identifiée en psychologie comme un trait de la personnalité. En conséquence, nous possédons tous une sensibilité. Elle est une caractéristique de notre personnalité, qui influence notre manière d’être au monde. Mais celle-ci est plus ou moins élevée.

Nous venons de voir différentes définitions de la sensibilité, comment passons-nous maintenant de la sensibilité à la haute sensibilité ?

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[1] Clobert Nathalie – Ma bible de l’hypersensibilité – Ed. Leduc, 2021.

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